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ÉTIENNE DOLET

1585, 1596 et en 1610. Un certain Barezzi[1], frappé des mérites du livre, et désireux de faire grandir la réputation de Nizolius et de son Lexicon ciceronianum, fit impudemment passer les Phrases et Formulæ comme faisant partie de l’ouvrage de Nizolius. Il était réservé à Facciolati, dans son édition du Lexicon (1734), de rendre à Dolet ce qui lui appartenait. Revu et corrigé par lui, ce recueil de phrases est mis en appendice à son édition, et occupe la même place dans la seule édition subséquente que je connaisse, dans l’édition de Londres (1820)[2].

Une année seulement après la publication du premier volume des Commentaires, on en publia un épitome à Bâle (imprimé par Lasius et Platter, mais sans leurs noms) dû à la plume d’un érudit qui signe Jonas Philomusus[3]. Il parle de

  1. Dans l’editio Baretiana du Lexicon Ciceronianum (ou Thesaurus Ciceronianum) de Nizolius (Venise, 1606).
  2. En 1753 et ensuite en 1764, le père Alessandro Bandiera imprima les Phrases et Formulæ Linguæ Latinæ de Dolet à la fin de son volume intitulé : Osservazioni sulle epistole di Marco Tullio Cicerone a famigliari (Venezia, Bettinelli), qui forme un supplément à sa traduction italienne des Epistolæ Familiares. Par erreur dans l’édition de 1764 (je n’ai pas vu celle de 1753) les observations du savant père sont aussi intitulées : Formulæ Linguæ latinæ elegantiores Stephani Doleti, et tel est le titre tout le long du livre (c’est probablement une faute d’impression). Dans l’édition de 1783 de la même traduction, les Formulæ de Dolet sont indiquées sur le titre comme faisant partie de l’ouvrage, mais en réalité les observations de Bandiera figurent seules à la fin du troisième volume comme étant les Formulæ Doleti, et le traité de Dolet est omis. Suivant Née de la Rochelle (Vie de Dolet, p. 105), le titre de l’édition de 1753 attribue les Formulæ de Dolet à Bandiera.
  3. Barbier (anonymes 20,060 et 20,366, et Supercheries Littéraires, 2e édit., vol. II, 417) conclut que l’érudit qui, sous le nom de guerre de Jonas Philomusus, composa l’épitome du premier volume des Commentaires de Dolet, était tout simplement J. Gonthier d’Andernach. Née de la Rochelle avait supposé que, vu la similitude des noms, Jonas Philomusus devait être le même homme que Jonas Philologus qui, environ à la même époque, fit imprimer à Bâle chez Winter un épitome de Quintilien. L. T. Hérissant ayant conjecturé, en se fondant sur des preuves de peu de poids, que Jonas Philologus était Gonthier d’Andernach, Barbier adopte les deux hypothèses et ajoute qu’il y avait une relation naturelle entre l’épitome de Quintilien et l’épitome de Dolet et qu’un jeune professeur aussi zélé que Gonthier avait parfaitement pu faire ces deux abrégés. Tous ceux cependant qui connaissent la vie et les œuvres de Gonthier, jugeront qu’il est fort improbable qu’il ait composé l’épitome du premier volume des Commentaires de Dolet. En 1537, le « jeune professeur » avait cinquante ans et s’occupait exclusivement d’études médicales. Sur les trente-et-un ouvrages