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ÉTIENNE DOLET

avec lui. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il était lié avec Giulio Camillo, qu’il traite souvent dans ses écrits de doctissiumus vir, et qu’il défend avec ardeur contre les attaques de Dolet.

Il publia en 1539 ses Lectiones succisivœ, recueil de remarques critiques et littéraires ayant trait à divers auteurs, qui peut se comparer aux Noctes Atticæ d’Aulu-Gelle. C’est l’ouvrage d’un homme très savant et très érudit, excellent helléniste et latiniste ; on y trouve des aperçus critiques très judicieux et souvent très exacts. Le livre a été jugé digne d’être réimprimé deux fois — d’abord par l’auteur lui-même dans l’édition de ses œuvres complètes (Bâle, 1540) et ensuite par Gruter dans son Lampas sive Fax Artium Liberalium (7 vol., Francfort 1602-1634). Les chapitres II et III du premier livre en leur entier et une partie du chapitre IV du troisième livre (environ un dixième de l’ouvrage) sont dirigés contre Dolet, et sont écrits avec une amertume et une violence de ton et une partialité qu’on ne trouve pas dans les autres parties du livre où l’auteur parle d’autres écrivains, ce qui nous porte à croire que Floridus agissait par quelque motif personnel. Il accuse Dolet de plagiat, d’ignorance, d’irréligion, d’immoralité et de gourmandise.

La plus grande partie des attaques portent sur le De Imitatione Ciceroniana et ont trait à la manière dont Dolet avait parlé d’Érasme ; et là je ne sais pas s’il faut dire que Floridus soit trop sévère. À propos des Commentaires toutefois, il répète et amplifie les accusations de plagiat que Charles Estienne avait lancées le premier ; mais les seuls exemples qu’il spécifie sont le remulcus et la citation d’Ulpian attribuée à Pline, deux renseignements pris dans Robert Estienne à qui Dolet avait dit les devoir, mais qu’il n’avait pas vérifiés. Il affirme que les Commentaires sont une compilation des œuvres de Nizolius, de Robert Estienne, de Riccius et de Calepin, sans que Dolet l’ait mentionné le moins du monde, et il est le premier à dire ce qu’on a si souvent répété depuis, à savoir que ceux qui avaient vu les Commentaires en manuscrit avant