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ÉTIENNE DOLET

meurtre atroce, et, comme on devait s’y attendre, Floridus se donne tout le mal possible pour se défendre de l’accusation qui pesait sur lui de s’être approprié l’ouvrage du prince de Carpi[1].

Les opinions religieuses de Dolet et les accusations portées contre lui au sujet de ces opinions formeront le sujet d’un chapitre subséquent ; nous n’avons ici à nous occuper que des accusations de plagiat. Aucun de ceux qui depuis Floridus les ont répétées, et aucun des défenseurs de Dolet ne semblent avoir pris la peine de s’assurer, en comparant les Commentaires avec les œuvres qu’on dit avoir été imitées, si les accusations ont quelque fondement et, s’il en est ainsi, jusqu’à quel point elles sont vraies. J’ai entrepris cette comparaison, me contentant toutefois d’opposer un grand nombre de pages des Commentaires, prises au hasard aux articles correspondants de R. Estienne, de Nizolius, de Riccius et de Calepin. Voici les conclusions auxquelles je suis arrivé : l’accusation n’est pas justifiée ; s’il est évident que Dolet connaissait les œuvres de ses prédécesseurs, il ne s’en est pas servi plus que ne devait le faire (il le dit lui-même) l’auteur d’un dictionnaire ou de Commentaires ; les Commentaires sont, quant au fond, une œuvre originale et personnelle ; l’auteur n’a pas plus le droit d’être accusé de plagiat que Robert Estienne, Nizolius et Calepin. La seule édition du Thesaurus de Robert Estienne, qui eût paru avant le premier volume des Commentaires, était celle de 1532, mince in-folio, qui contenait moins de la moitié de ce que contenait le volume de Dolet, et il paraît probable que Floridus ou ses aides crurent à tort que la seconde édition du Thesaurus avait été publiée quelque temps avant le premier volume des Commentaires. En somme, les deux ouvrages parurent presque ensemble, au mois de mai 1536, ou peu après.

  1. Franciscus Floridus Sabinus mourut en 1547. Je possède son exemplaire de la grammaire grecque de Théodore Gaza (In œd. Aldi 1525) orné d’une reliure vénitienne du temps ; le nom : Franc. Flori. Sabi. est imprimé en lettres d’or sur le plat de maroquin.