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ÉTIENNE DOLET

peut-être involontaire ; le livre a été réimprimé au moins huit fois.

Le contraste n’est pas moins frappant entre les livres de Gryphius et ceux de Juste ou de Nourry. Les savants ouvrages latins imprimés par le premier ne trouvent guère d’acheteurs aujourd’hui, tandis qu’un poème ou un roman français qui porte le nom de Juste ou de Nourry ne manquent jamais d’être fortement disputés dans les ventes ; on les achète 100 fr., 1000 fr. ou même 2000 francs[1]. En 1538, Dolet entreprit pour François Juste de reviser et d’éditer une traduction française de l’un des livres les plus populaires de l’époque — le Cortegiano de Balthazar Castiglione. Il y eut peu d’ouvrages qui furent plus du goût du seizième siècle. Imprimé d’abord par Alde en 1528, il n’eut pas moins de treize éditions publiées en Italie dans les vingt années qui suivirent. Peu après son apparition, le livre fut traduit en français par Jacques Colin et imprimé à Paris. Mais, suivant Dolet, cette traduction est pleine de fautes que lui et Mellin de Saint-Gelais relevèrent et corrigèrent, et, ainsi revue, la traduction fut imprimée par François Juste en 1538, avec une préface de Dolet adressée à Saint-Gelais, dans laquelle il réclame pour ce livre le privilège qui venait de lui être accordé par le roi. A la fin du livre se trouve une dédicace de François Juste à « Monseigneur Monsieur Du Peirat, Lieutenant-Général pour le Roy à Lyon» écrite dans le style de Dolet ; les nombreuses erreurs de l’édition de Paris sont attribuées « à la faute, il est aisé de le veoir, de l’imprimeur. » Juste dit que pour cette édition il a eu recours aux bons services de « Monsieur maistre Estienne Dolet pour certain en litérature, éloquence et scavoir, une des principales lumières de France ». J’ai soigneusement comparé l’édition de Juste avec celle de Le Long et De Harsy publiée sans indication de date, mais probablement en 1537

  1. L’Adolescence Clémentine, Juste, 1534, se vendit 1800 fr. et l’Ogier le Danoys, Nourry, 1525, 2200 fr. à la vente Yemeniz.