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CHAP. I. — ORLÉANS ET PARIS

roniens en général que l’est de nos jours l’inspiration d’autres écrits par des hommes dont la science et les vertus font respecter les opinions. « Que puis-je faire de mieux », nous dit Dolet en expliquant un mot de ses commentaires, « que de suivre l’interprétation qu’en donne le père de la langue latine, Cicéron lui-même ? Aussi voici quelques exemples de notre dieu, Cicéron, qui vous feront comprendre clairement la signification du mot, sans que j’aie besoin de dire mon avis[1]. » Érasme même, quoiqu’il ait été l’objet de vives attaques de la part des cicéroniens pour avoir traité avec irrévérence leur dieu et son illustre disciple Longueuil, Érasme, que son bon sens préservait des extravagances des fervents de ce culte, reconnaissait que l’éloquence de Marcus Tullius était divine plutôt qu’humaine[2] ; et, dans ses Colloques[3], il dit : « Bien que la première place doive être reservée aux saintes Écritures en tant qu’autorité, je trouve parfois des pensées dans les œuvres des anciens païens, même dans les œuvres des poètes, d’une nature si pure, si sainte et si divine, que je ne puis me défendre de croire que quelque pouvoir bienfaisant guidait leur âme quand ils écrivaient. Et il se peut que l’esprit du Christ se soit répandu sur un espace plus grand que nous ne le croyons généralement. Plus d’un homme qui ne figure pas dans les annales des saints devrait y avoir sa place marquée. J’avoue sans crainte à mes amis que je ne puis lire les dialogues de Cicéron sur la Vieillesse et sur l’Amitié, ou bien le De officiis et les Tusculanes, sans m’arrêter parfois pour baiser la page et penser avec vénération à cette âme sainte inspirée par une divinité céleste. »

    J. A. Odonus dit de Lando : « Hoc nobis repetat apophthegma : alii alios legunt, mihi solus Christus et Tullius placet, Christus et Tullius solus satis est, sed interim Christum nec in manibus habebat nec in libris ; an in corde haberet, Deus scit. Hoc nos ex ejus ore scimus, illum cum in Galliam confugeret neque Vetus neque Novum Testamentum secum tulisse pro itineris ac miseriæ solatio sed familiares epistolas M. Tullii. »

  1. Comm., col. 918, La note marginale est Cicero in lingua Latina deus Doleti.
  2. Epist. 1430.
  3. Convivium religiosum.