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ÉTIENNE DOLET

grande gloire et une grande satisfaction, une confession avant que la victime fût livrée au bras séculier. Nous le trouvons siégeant à Paris, à Lyon, à Bourges, à Orléans, à Poitiers et à Vienne. L’un des premiers services qu’il rendit comme inquisiteur général fut d’examiner les exercices spirituels d’Ignace de Loyola, et c’est à son rapport, dans lequel il loue le livre et l’auteur, que la Société de Jésus doit d’avoir été si bien accueillie en France. En sa qualité de conseiller privé du cardinal de Tournon il acquit la faveur du roi, et ce fut à son influence et à ses instigations que peuvent être attribuées les mesures les plus violentes de François Ier contre les hérétiques et contre les blasphémateurs. Lorsqu’il suivait les conseils de Matthieu Orry, le roi sentait que vraiment il travaillait à son salut. La confiance que François Ier accordait à l’inquisiteur ne fut pas refusée à ce dernier par Henri II, et quand les nouvelles arrivèrent à la cour annonçant que Renée de France, duchesse de Ferrare, avait subi l’influence d’erreurs damnées et réprouvées, ce fut Matthieu Orry qui fut envoyé par Henri pour convertir sa tante par la persuasion, si cela était possible, ou en la faisant enfermer et en la séparant de ses enfants, si le duc, son mari, y consentait. On supplia le duc de permettre à Orry, qui avait une grande expérience en pareille matière, d’interroger et de punir sévèrement tous les gens de l’entourage de la duchesse qui étaient entachés d’hérésie[1]. Si les instances de l’inquisiteur furent vaines et si la duchesse dut être emprisonnée et privée de ses enfants avant de consentir à se confesser et à recevoir la communion des mains d’un prêtre, c’est pour nous une preuve de la dépravation de l’hérétique et nullement du manque d’habileté ou de zèle de l’inquisiteur ; car à son arrivée à Rome il fut reçu avec une grande bienveillance par le pape, qui ratifia son titre d’inquisiteur général de France et le nomma pénitencier apostolique.

  1. Le Laboureur : Additions aux Mémoires de Castelneau, I, p. 718. Voyez aussi Frizzi : Memorie per la storia di Ferrara, IV, p. 328.