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ÉTIENNE DOLET

on avait trouvé dans sa maison et dans son bureau d’autres ouvrages condamnables, parmi lesquels les Loci Communes de Mélanchthon (qui, suivant quelques-uns, à en juger d’après la forme et l’aspect des caractères, avaient été imprimés par lui), l’Unio Dissidentium, la Bible de Genève en langue vulgaire, et l’Institutio Religionis Christianœ de Calvin ; malgré l’ordre qu’on lui avait donné de retirer le Cato Christianus et les Épigrammes du commerce, il avait continué à les mettre en vente ; il n’avait pas (comme le stipulait le privilège royal) soumis ses livres au prévôt de Paris ou au sénéchal de Lyon, avant de les imprimer ; il avait mangé de la viande en carême et à d’autres époques d’abstinence ; on l’avait vu se promener pendant les heures du service divin, et on l’avait entendu dire qu’il préférait le sermon à la messe ; et enfin on l’accusait de sembler mettre en doute dans ses écrits l’immortalité de l’âme[1].

Le procès dura jusqu’au commencement d’octobre. Amené de temps à autre devant ses juges, Dolet devait voir qu’on n’avait eu aucune difficulté à prouver les faits qui tous, sauf le dernier, ne pouvaient être niés. Il s’agissait simplement de savoir si, les faits prouvés, il était possible de justifier et de demander une condamnation pour hérésie. Plusieurs témoignages se fondant sur des ouï-dire et tendant à l’aggravation des faits et au préjudice de l’accusé furent produits, à l’instigation, nous dit-il, de ses ennemis, les maîtres imprimeurs, et avidement acceptés par l’inquisiteur. On trouva des témoins prêts à jurer qu’ils lui avaient entendu dire qu’il avait autant de droit de manger de la viande que le pape en avait de le forcer à manger du poisson. Ceux-ci témoignèrent qu’il était l’auteur réputé de certaines chansons (profanes ou hérétiques) qu’on chantait partout à Lyon. Ceux-là avaient des histoires à raconter à son sujet, histoires qu’ils tenaient de tierces personnes, dont les unes étaient mortes et les autres n’avaient

  1. Procès, p. 9-11.