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ÉTIENNE DOLET

pour athée (car les mots étaient alors et furent depuis employés comme synonymes) était partagée par ses juges. Toutefois les controversistes catholiques trouvaient parfois quelque intérêt à le confondre avec les protestants afin de faire retomber sur eux les blasphèmes attribués au malheureux Dolet.

La Croix du Maine dit que Dolet fut brûlé comme calviniste. Jacques Severt, dans son Anti-Martyrologe, ouvrage cité plus haut, le fait passer pour luthérien[1], et Le Laboureur, dans ses additions aux Mémoires de Castelnau[2], dit qu’il fait partie des prétendus martyrs glorifiés dans le Grand Martyrologe de Genève ; mais, comme Bayle l’a fait remarquer le premier, il n’est nullement question de Dolet dans ce livre. Et je n’ai pas trouvé d’ouvrage protestant, où il soit considéré comme martyr protestant, antérieur à l’Histoire (anonyme) Abrégée des Martirs François du tems de la Réformation[3], dont l’auteur se contente d’adopter l’opinion de Severt. Le Laboureur cite une lettre du cardinal Philibert Babou, dit de la Bourdaisière , écrite de Rome à Bernard Bochetel, évêque de Rennes, datée du 23 mai 1562, dans laquelle il dit avoir vu dans sa jeunesse «Dolet, un des premiers qui commençant par assez légères opinions et de peu d’importance, tomba en peu de temps ès les plus exécrables blasphèmes que j’ouis jamais[4]».

Calvin, écrivant peu après la mort de Dolet[5], dit : «C’est un fait notoire qu’Agrippa, Villanovanus, Dolet et autres Cyclopes ont toujours méprisé ostensiblement l’Évangile, et qu’à la fin ils sont descendus si profondément dans l’insanité et la furie, que non seulement ils ont vomi d’exécrables blasphèmes contre le fils de Dieu, mais que pour ce qui regarde

  1. Voici le texte même : Il catéchisoit sur Dogmes adultérins et scandalizoit....Il fut étranglé, puis brûlé... sous le bruit et la qualité d’homme Luthérien.
  2. Vol. I, p. 347.
  3. Amsterdam 1684, p. 407.
  4. Mémoires de Castelnau, vol. I., p. 347
  5. De Scandalis, Genève, Crespin, 1551, p. 78.