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CHAP. XXV. — OPINIONS ET CARACTÈRE

volume : Expetendam esse mortem, se trouve, d’après M. Boulmier, la phrase qui donna naissance à l’accusation d’athéisme et de matérialisme. En voici la conclusion :

"Nunc ergo vitam quo insipiens cupis ?
Quo corpus optas omnibus obvium
Morbis, malisque ? Quo precare
Perpetuas tibi, stulte, pœnas ?

Ne mortis horre spicula, quæ dabit
Sensu carere; vel melioribus
Locis tegi, et statu esse læto
Elysii est nisi spes inanis.[1]"

La note qu’il donne, dans le second volume des Commentaires, au mot Mors, nous fait peut-être voir ses vrais sentiments plus clairement qu’aucun autre passage de ses écrits. «J’en arrive maintenant à la question de la mort, cette limite extrême de la vie, qui fait la terreur de ceux qui vont mourir, mais qui n’est qu’objet de risée pour ceux qui sont immortels, je veux dire ceux qui ont acquis un renom glorieux dans les armes ou une réputation littéraire. Et peut-il se croire à jamais anéanti quand son âme se séparera de son corps, celui qui est certain de vivre dans tous les temps grâce à la réputation d’excellence qu’il aura acquise ? Les traits de la mort sont-ils terribles pour des héros de cette sorte, quand par la renommée éternelle de leur nom ils les ont émoussés et privés de toute force ? Que cela soit vrai pour ce qui me regarde, je n’hésite pas à le montrer ici. Rien certainement ne pouvait me porter à me consacrer plus prom-

  1. Aussi pourquoi désires-tu la vie, ô insensé, pourquoi veux-tu un corps qui soit exposé aux maladies, et aux maux ? Pourquoi demandes-tu que tes souffrances soient éternelles . N’aie point peur des flèches de la mort qui te délivreront de toute sensation ou te donneront un abri dans des régions meilleures et te rendront heureux, à moins que vain soit l'espoir du ciel.» Voir plus haut, p. 377, 378.