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CHAP. III. — VENISE

mates et comme littérateurs. À cette époque c’était Giovanni Baptista Egnazio qui était professeur d’éloquence[1], il avait été l’élève de Politien et on déclarait qu’il ressemblait beaucoup à son maître. Il était l’aide et l’ami d’Alde, l’éditeur des meilleures éditions de César, de Suétone et d’Ovide qui avaient paru jusque-là ; et Egnazio n’était pas estimé seulement par les sénateurs de Venise qui avaient eu recours à lui pour diverses missions très importantes et qui l’avaient nommé professeur en 1520, mais par tous les hommes de lettres du temps. À l’âge de dix-huit ans il avait ouvert à Venise des cours dont le succès et la réputation avaient excité la jalousie de Sabellicus, qui était alors professeur d’éloquence ; lorsque longtemps après, il occupa la même chaire, il fit des leçons qui eurent une popularité extraordinaire. Plus de cinq cents personnes, nous dit-on, suivaient chaque jour ses cours ; et l’on y voyait non seulement de jeunes étudiants, mais des personnes de tous les âges, des sénateurs de Venise, des légats du pape, des ambassadeurs étrangers et des gens de toutes les contrées. Nous pouvons facilement comprendre l’ardeur avec laquelle Étienne Dolet saisit l’occasion que lui offrait Langeac de suivre les leçons de cet homme éminent Le jeune cicéronien fut charmé de voir que son auteur favori était l’objet d’une série de conférences qu’Egnazio fit pendant l’année que Langeac passa à Venise. Dolet nous dit[2] que Lucrèce et Cicéron furent le sujet des cours d’Egnazio cette année-là et nous ne doutons pas que ces leçons, surtout celles sur le De officiis, ne furent très utiles à Dolet pour l’aider à préparer le grand travail dont il avait conçu le plan depuis quelque temps et pour lequel il rassemblait déjà des matériaux.

Il n’y a qu’un autre homme de lettres avec lequel on prétend que Dolet fut lié à Venise. Sturm, dans l’édition qu’il

  1. C’est-à-dire de composition latine.
  2. Comm., 1156.