Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
ÉTIENNE DOLET

donne des Phrases et Formulae Latinac elegantiores de Dolet (1576) dit : « On croit que Dolet fut aidé par Navagero, avec lequel il vécut à Venise, et qu’il dut à ces relations les matériaux de ses commentaires qu’il rapporta dans son pays. » Cette assertion est sans fondement. Si Dolet a jamais connu Navagero, il a dû le connaître à Padoue, car Navagero mourut à Blois, le 8 mai 1529, date à laquelle Dolet était encore à Padoue, sans aucun doute. Et pendant que Dolet était à Padoue, Navagero n’a pu venir dans cette ville que pour y faire de courts séjours. On ne trouve dans aucun écrit de Dolet rien qui nous dise qu’il connut Navagero. Ce renseignement a été donné à Sturm (comme on le voit ailleurs) par quelqu’un qui désirait enlever à Dolet le mérite de ses Commentaires.

Mais Dolet ne se voua pas seulement aux affaires et à l’étude à Venise. Il trouva le temps et l’occasion — comme tout jeune homme de vingt ans visitant Venise pour la première fois l’aurait fait — de devenir amoureux. Il ne fut pas plus heureux en amour qu’en amitié. La mort qui venait de le priver de son ami, le priva bientôt de sa maîtresse. Il a conservé le souvenir de sa mort dans une épitaphe qui est le moins réussi de ses poèmes. Goujet[1] dit que cette composition a un caractère profane. Elle ne nous semble que guindée et prétentieuse, sans aucun sentiment vrai ou réel. Les trois poèmes écrits après la mort de cette femme sont l’unique source de renseignements que nous ayons sur cette histoire d’amour : ils nous apprennent le nom et la mort de la dame, et ils nous permettent de croire que l’amour d’Étienne n’avait pas été bien profond, et que son cœur n’avait pas été très cruellement blessé par la perte d’Elena.



  1. Bibliothèque françoise, XI, p. 194.