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ÉTIENNE DOLET

tation de cicéronien et d’orateur l’avait précédé toutefois ; le prélat était heureux d’accueillir les jeunes érudits ; et sa joie était à son comble lorsque, comme Dolet, ils étaient pauvres et inconnus, et que sa bourse toujours ouverte pouvait leur être de quelque utilité.

Jacques Bording avait deux ans de moins que Dolet, il était né à Anvers en 1511. Avant de venir à Toulouse, il avait étudié à Louvain, où il avait appris le grec, le latin, l’hébreu, langues qu’il enseigna ensuite successivement à Paris, à Lisieux et à Carpentras. Il était venu à Toulouse, attiré probablement par l’école de droit de cette ville. Mais la jurisprudence, ou la façon dont elle était enseignée, semble l’avoir découragé et il se mit bientôt à étudier la médecine, science qui devait faire sa réputation. De Toulouse il se rendit à Paris et là, pressé d’argent, grâce aux conseils et à l’appui de Sturm qu’il avait connu à Louvain, il obtint une chaire à Lisieux, où il resta deux ans. Puis il partit pour Montpellier pour y étudier la médecine, et fut nommé, par l’entremise de Sadolet, principal du collège de Carpentras. Pendant son séjour dans cette ville il épousa Francisca, fille de Ternio Nigroni, de Gênes. Bording s’attira bientôt l’estime du cardinal et avant son départ pour Bologne (1540), où il allait achever ses études médicales, Sadolet lui remit des lettres de recommandation pour Romulo Amaseo et pour d’autres savants. En 1544 il déclara officiellement qu’il était protestant. Plus tard il arriva à se faire une réputation considérable comme professeur de médecine à Anvers, à Rostock et à Copenhague ; c’est dans cette dernière ville qu’il mourut en 1560, il était alors médecin du roi Christian III[1]. À Toulouse les deux jeunes hommes devinrent bientôt amis ; Dolet était

  1. Voyez, sur Bording, Spithovius : Oratio de vita et morte J. Dordingi, Witteburg, 1562 ; Melch. Adam : Vitæe Medicorum, Heidelberg, 1620 ; Encyclopédie des sciences médicales (Biographie médicale), Paris, 1840. Les biographes de Bording ne parlent pas de son séjour à Toulouse, c’est par la correspondance de Dolet que nous sommes renseignés sur ce point.