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DE GUILLAUME DE NANGIS

la Loire, retourna en Aquitaine, laissant derrière lui tout ce qu’il avait amené, comme Esaü errant et fugitif. Louis reprit possession de la ville d’Angers, et démolit les murs que Jean avait fait réparer.

Dans le même temps que Louis, fils de Philippe, roi des Français, combattait dans le Poitou contre je roi d’Angleterre, son père était entré en ennemi sur le territoire de Ferrand, comte de Flandre, et ravageait tout jusqu’à Lille. Comme il revenait de Lille, Othon, empereur des Romains, qui avait été déposé, et neveu du roi d’Angleterre, étant venu a Valenciennes au secours de Ferrand, comte de Flandre, et n’étant éloigné du roi que, de cinq milles, conduisit son armée de Mortain près de Tournai jusque près du pont de Bovines, afin d’attaquer à l’improviste l’arrière-garde du roi des Français. Le roi de France, ayant su qu’Othon venait avec une armée, ordonna à ses troupes de s’arrêter. Voyant ensuite que les ennemis, miraculeusement saisis de frayeur, ne venaient pas à sa rencontre, il ordonna de nouveau que les bataillons se rangeassent. Comme presque la moitié de son armée passait déjà le pont de Bovines, et que le roi lui-même, entouré d’une multitude de vaillans hommes, venait après son armée, les ennemis, frappés tout-à-coup comme d’épouvante et d’horreur, passèrent sur le flanc septentrional de l’armée, ayant devant les yeux le soleil plus ardent ce jour-là qu’à l’ordinaire. A la vue de ce mouvement, le roi des Français commanda de sonner la trompette et de prendre les armes, et rappela ses troupes qui marchaient en avant. Les ayant exhortées à défendre de tous leurs efforts la cou-