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CHRONIQUE

fermées pour lui, et connaissant aussi les desseins de Galon, légat du Siège apostolique, qui faisait tous ses efforts pour s’opposer à lui et aux siens, il craignit que, s’il sortait de Londres pour combattre les Anglais, les portes ne lui fussent fermées à son retour ; il traita donc, et retourna en France. Il eût remporté partout d’admirables victoires, s’il eût rencontré la fidélité qui lui était due.

Le pape Honoré sacra à Rome empereur et impératrice de Constantinople, Pierre, comte d’Auxerre, et Yolande, sa femme, comtesse de Namur et sœur de feu Henri, empereur des Grecs. Cette cérémonie eut lieu dans l’église de Saint-Laurent, hors des murs, de peur qu’elle ne parût leur donner aucun droit sur l’Empire romain. Neuf jours après son sacre, Pierre quitta la ville avec sa femme, qu’il envoya par mer à Constantinople, parce qu’elle était enceinte. A la tête de cent soixante chevaliers et de beaucoup d’autres hommes de guerre prêts à combattre, il voyagea par terre, et alla à Brindes au devant de Jean de Colonne, prêtre-cardinal, envoyé en qualité de légat dans la Romagne et le pays de Venise. Le cardinal s’étant joint à l’empereur pour passer en Grèce, il traversa la mer et assiégea aussitôt la ville de Durazzo. Il avait promis par un acte aux Vénitiens dé leur céder sur-le-champ cette ville, qu’ils disaient leur avoir été enlevée par la violence du duc, à condition que leur seigneur lui fournirait les moyens de s’en emparer. Après avoir inutilement passé un grand nombre de jours à assiéger cette ville, non sans une grande perte des siens, il fût forcé de lever le siège. Comme il se rendait à Constantinople, et qu’il se trouvait dans un chemin diffi-