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DE GUILLAUME DE NANGIS

nes à Rome, et de cette ville en France, avec les honneurs de chevalerie, par les soins de Charlemagne, à la suite de Denis l’Aréopagite, grec, qui le premier répandit à Paris la foi catholique. Ce très-pieux roi, craignant qu’un si grand et un tel trésor ne s’éloignât du royaume, parce que la science et le savoir sont les trésors du salut, sapienta et scientia, et de peur que le Seigneur ne lui dît « Comme tu as repoussé la science, je te repousserai, » manda auxdits clercs de revenir à Paris, les reçut à leur retour avec une grande clémence, et leur fit faire une prompte réparation par les bourgeois de tous les torts qu’ils avaient eus auparavant envers eux. En effet, si un trésor aussi précieux, aussi salutaire que celui de la sagesse, eût été enlevé au royaume de France, le lis, emblème des rois de France, serait étonnamment défiguré, car depuis que Dieu et notre Seigneur Jésus-Christ voulut que le royaume de France fût illustré plus particulièrement que les autres royaumes par la foi, la sapience et la chevalerie, les rois de France eurent coutume de porter sur leurs armes et leurs bannières une fleur de lis peinte à trois feuilles, comme pour dire à tout le monde que la foi, la science et l’honneur de la chevalerie, par la providence de Dieu, se trouvent davantage dans notre royaume que dans tous les autres. En effet, les deux feuilles pareilles, qui signifient la sapience et la chevalerie, gardent et défendent la troisième feuille, qui signifie la foi, et qui est placée plus haut au milieu des deux autres car la foi est gouvernée et réglée par la sapience, et défendue par la chevalerie. Tant que dans le royaume de France ces trois feuilles seront unies ensemble en paix, vi-