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CHRONIQUE

chemin d’outre-mer entre la Pentecôte et la fête de saint Jean, passa par la Bourgogne, et alla une seconde fois à Lyon visiter le pape Innocent et les cardinaux qui résidaient en cette ville ; ensuite, se séparant d’eux, il arriva, en suivant le Rhône, à la Roche du Gli. Comme le seigneur de ce château faisait souffrir à ceux qui passaient le Rhône d’illicites exactions, et les dépouillait Injustement de leurs biens, il l’assiégea ; et, le château lui ayant été rendu assez promptement, il le fit démolir en partie. Ensuite, ayant reçu du seigneur de ce lieu la promesse qu’à l’avenir il renoncerait à ces injustices et à ces exactions illicites, il lui rendit son château. Etant arrivé au port d’Aigues-Mortes au mois de mars, il s’embarqua avec les siens le lendemain de la fête de l’apôtre saint Barthélemi. La comtesse d’Arras, femme de Robert frère du roi, étant enceinte, retourna en France, et y demeura jusqu’à ce qu’Alphonse, comte de Poitou, qui avait été laissé avec sa mère la reine Blanche pour Ja garde du royaume de France, passât dans la Terre-Sainte. Le roi, ayant pris terre à Chypre, y passa l’hiver avec sa suite, par le conseil des barons. Le roi de Chypre, et presque tous les nobles de cette île, animés par l’exemple des Français, prirent la croix. Le soudan de Babylone, qui se préparait à venir vers le pays de Damas, dans la terre des Chrétiens, ayant appris la nouvelle de l’arrivée du roi de France à Chypre, renonça à l’expédition qu’il projetait. Il existait aussi des inimitiés entre ce soudan, celui qui avait été soudan de Damas, et les gens d’Alep. Parmi les pélerins français, moururent à Chypre Robert, évêque de Beauvais ; Jean, comte de Montfort ; le comte de