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CHRONIQUE

verna l’Église de Rome. Le jeune Conradin, fils de Conrad, craignant la tyrannie de son oncle Mainfroi, s’enfuit secrètement dans la terre de Bavière, auprès du duc de Bavière, père de sa mère. Jean, fils aîné de Marguerite, comtesse de Flandre et du Hainaut, et de Bouchard, seigneur d’Avesnes, se révoltant contre sa mère, voulut lui enlever le comté de Hainaut qui lui appartenait par droit héréditaire ; c’est pourquoi sa mère, indignée, appela à son aide Charles, comte d’Anjou, frère de saint Louis roi de France, et, au mépris de son fils, lui donna et concéda ledit comté. Charles, acceptant le don de la comtesse, envoya aussitôt à Valenciennes, très-fort château, qui était la capitale de tout le comté de Hainaut, une forte garnison de chevaliers, sous le commandement de Hugues de Beaugency, très-valeureux chevalier. Ils s’emparèrent des portes d’entrée et des fortifications du château malgré la résistance des bourgeois de la ville, qui leur étaient contraires. Ensuite Charles, ayant levé en France une grande armée, qu’on pouvait estimer de cinquante mille hommes, entra en grande force dans le comté de Hainaut, et, prenant d’assaut ou à composition un grand nombre de forteresses et de villes, arriva à un château appelé Mons en Hainaut, et l’assiégea. Cependant Jean, fils de la comtesse, ne se tenait pas tranquille. Il rassembla devant Valenciennes Wiliquin de Hollande, roi des Romains, et plusieurs nobles du Brabant et de l’Allemagne, ses parens du côté de son père, et y forma une puissante armée. Hugues de Beaugency, capitaine des gens de Charles, Pierre de Bellême, et quelques autres, les ayant aperçus de la ville, ouvrirent témérairement les portes du