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DE GUILLAUME DE NANGIS

un grand nombre d’entre eux, et, forcés par la nécessité, les séditieux s’apaisèrent.

Au mois de février,on prit un poisson de mer qui ressemblait à un lion, et on le porta à Civita Vecchia, résidence du pape et de la cour de Rome. Mais lorsqu’on le prit, il poussa d’horribles gémissemens, qu’un grand nombre de gens regardèrent comme le présage de quelqu’événement.

Dans le royaume de Sicile, les habitans de Palerme et de Messine, enflammés de rage contre le roi Charles et les Français qui habitaient l’ile, au mépris du roi Charles, les égorgèrent tous, sans distinction de sexe ni d’âge. Ce qu’il y eut de plus abominable, c’est qu’ouvrant les flancs des femmes de leur pays enceintes des Français, ils tuaient leur fruit avant qu’il eût vu le jour.

Lewellyn, prince de Galles, se révoltant de nouveau contre Edouard, roi d’Angleterre, fit tuer par son frère David tous les gens et sujets en garnison dans le pays de Galles. Le roi, indigné, entra aussitôt avec de grandes forces sur le territoire de Galles, et, faisant trancher la tête au prince Lewellyn et à son frère David, soumit la terre de Galles à sa domination. Le roi de Sicile, ayant appris le massacre des siens, envoya aussitôt en France son fils Charles, prince de Salerne, pour demander secours ; et lui-même, pendant ce temps, ayant passé le phare de Messine, assiégea les habitans de cette ville. Pendant qu’il s’efforçait de les soumettre, voilà que Pierre d’Aragon, qui se cachait du côté de l’Afrique, appelé par les Siciliens comme leur seigneur et leur princi-