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CHRONIQUE

table de France, qui la défendait, ils se dirigèrent promptement vers Bayonne. La trahison des citoyens leur ayant aussitôt livré cette ville, ils assiégèrent long-temps les Français dans le château, et enfin les en chassèrent. Le pape Célestin augmenta de douze le nombre des cardinaux, et confirma une décrétale sur l’élection des souverains pontifes, laissée en suspens par le pape Nicolas son prédécesseur. Le comte d’Acerra, dans la Pouille, à qui Charles, roi de Sicile, avait confié la garde de son comté de Provence, ayant été trouvé et convaincu exécrable sodomite, et traître envers son seigneur, fut, par l’ordre du roi lui-même, traversé d’un dard de fer brûlant, depuis le fondement jusqu’à la bouche, et ensuite livré aux flammes. Il avoua au milieu de ce supplice qu’il avait traîtreusement détourné du siège de Messine, feu Charles, roi de Sicile, et que se laissant prendre ensuite avec Charles, prince de Salerne, fils dudit roi, il avait fait échouer les projets des Siciliens qui voulaient revêtir de la dignité royale le prince prisonnier et expulser les Aragonnais de leur terre.

Vers la fête de l’Avent du Seigneur, le pape Célestin, conduit par je ne sais quel motif, déposa en plein consistoire, en présence de tous, l’anneau, la mitre et les sandales, et résigna entièrement tout office et bénéfice papal. Après lui, Boniface VIII, né dans la Campanie, cent quatre-vingt-dix-septième pape, gouverna l’Église de Rome. II ne laissa pas Célestin, pape naguère, s’en retourner vers le lieu d’où il avait été tiré, mais il le fit garder avec honneur dans un lieu très-sûr par une garde attentive.