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DE GUILLAUME DE NANGIS

bataillons serrés, et vinrent presque tous à pied et en très-bon ordre. Nos chevaliers ayant en leur force une présomptueuse et excessive confiance ; et regardant leurs ennemis comme de méprisables paysans, forcèrent bientôt les hommes de pied qui marchaient à la tôte de l’armée dé reculer de leur rang, de peur qu’on n’attribuât à ces hommes de pied et non aux chevaliers la victoire qu’ils s’imaginaient devoir remporter aussitôt. Remplis d’orgueil, ils se précipitèrent donc sur les ennemis sans observer de précaution ni aucun ordre de guerre mais les gens de Bruges les attaquant vigoureusement avec des lances d’une excellente qualité, et qu’ils appellent vulgairement gethendar, tuèrent tout ce qui s’opposa à leur impétuosité. Le comte d’Artois, illustre et fameux homme de guerre, se hâta d’accourir au secours des siens pendant qu’il fondait sur les ennemis comme un lion rugissant, et combattait avec acharnement, atteint de plus de trente blessures, comme l’assurèrent ceux qui le virent ensuite, il succomba, ô douleur ! par une lamentable mort, par une mort dont gémit tout le royaume, et que nous ne rapportons qu’avec tristesse. Avec lui périt sa noble suite, à savoir Geoffroi de Brabant, son parent ; le seigneur de Vierzon, fils de ce même Geoffroi ; le comte d’Eu, le comte d’Aumale, le fils du comte de Hainaut ; Raoul, seigneur de Nesle, connétable de France ; Gui, son frère, maréchal de France ; Tancarville, chambellan ; Renaud de Trie, fameux chevalier ; Pierre Flote, Jacques de Saint-Paul ; et à peu près deux c.nts autres chevaliers, ainsi qu’un grand nombre d’hommes d’armes renommés par leur vaillance. La très-grande