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CHRONIQUE

partie du reste de notre armée, tant nobles que gens du commun, tournèrent honteusement le dos et se mirent à fuir d’une course rapide. Environ trois jours après, le gardien des frères Mineurs d’Arras enleva le corps de Robert, et l’enterra dans une chapelle de moines, non encore consacrée, célébrant comme il put l’office des morts. Une comète apparue dans le mois de septembre précédent, et une éclipse de lune arrivée dans le mois de janvier, présageaient avec véracité, selon l’opinion de quelques-uns, l’approche de cette calamité. Gui de Namur, joyeux de cette victoire, s’efforça de diriger vers de plus hautes entreprises l’esprit des siens, enflammés de l’ambition de s’emparer de toute la Flandre ; peu de temps après, attaquant les gens de Lille, tantôt par la ruse, tantôt par les armes, il les força à se rendre, et soumit aussi ou attira dans son parti les gens d’Ypres, de Gand et d’autres villes de la Flandre. Quinze jours après l’Assomption de la sainte Vierge Marie, Philippe, roi de France, rassembla à Arras une si grande armée qu’il n’eût pas eu grand’peine à détruire toute la Flandre et ses habitans ; mais ayant dressé son camp à environ deux lieues de ladite ville, trompé, dit-on, par les mauvais conseils de quelques personnes, il ne permit pas d’attaquer les ennemis campés non loin de lui ni aucune de leurs villes ; il passa dans l’inaction tout le mois de septembre, et licenciant enfin une si puissante armée, il revint en France sans gloire et sans avoir rien fait ; ce que voyant, les ennemis incendièrent aussitôt les villages et les villes situés près du comté d’Arras ; mais les chevaliers et les serviteurs et hommes d’armes