Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
254
CHRONIQUE

vaux, afin, lorsque viendrait le moment du combat, de se trouver plus frais et plus forts ; car ils avaient été inutilement accablés du poids de leurs armes pendant tout le jour, et grandement épuisés et abattus par l’ardeur du soleil de midi, et ils croyaient d’ailleurs avec vraisemblance que la paix était faite ou allait bientôt l’être. Ce que voyant, les Flamands, comme le jour baissait déjà, se précipitèrent tout d’un coup hors de leurs tentes, et s’avançant, ils fondirent d’une course rapide sur l’armée du roi, prise alors au dépourvu, sans laisser à aucun chevalier le temps de se faire convenablement armer par les siens. Mais, par le secours de Dieu, qui avait entrepris ce jour-là surtout de défendre l’illustre couronne du royaume de France et de la maintenir sur la tête du roi, le seigneur roi montra un si inébranlable courage que, sautant sur son cheval, il soutint ainsi le choc du combat. Cependant il courut de si grands dangers, qu’il vit tuer devant lui Hugues de Bouillé, chevalier de sa troupe, et deux citoyens de Paris, les frères Pierre et Jacques Genin, qui se tenaient toujours à ses côtés, à cause de leur fidélité et de leur bravoure. Mais alors, par la faveur de Dieu, de toutes parts bientôt ses hommes de guerre accourant à l’envi à son secours, il remporta une glorieuse victoire. Dans ce combat, Guillaume, comte d’Auxerre, et Anselme, seigneur comte de Chevreuse, chevalier fidèle et d’une bravoure éprouvée, qui portait la bannière du roi appelée oriflamme, étouffés, dit-on, par le feu ou par l’excessive chaleur, succombèrent, ainsi qu’un grand nombre des nôtres qui furent tués dans le combat. Mais il périt beaucoup plus de Flamands, et entre autres fut tué Guil-