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DE GUILLAUME DE NANGIS

magne, et surtout dans les terres desdits ducs, changea bien des pays en déserts plongea bien des citoyens dans l’exil et des riches dans la pauvreté et la misère.


[1320]

L’an du Seigneur 1320, le comte de Flandre vint à Paris avec le comte de Nevers et les fondés de pouvoir des communes de Flandre, autorisés à rétablir la paix et la concorde entre le roi de France et le comte de Flandre. D’après les instances du cardinal envoyé en France par le pape, spécialement pour l’affaire des Flamands, il fit hommage au roi ; ce qui réjouit bien des gens, dans l’idée que la paix était solidement établie. Mais au jour fixé pour discuter des articles de paix, le comte ne voulut consentir à la conclure qu’à condition qu’on lui rendrait Béthune, Lille et Douai, que le roi, disait-il, retenait seulement en otage. C’est pourquoi le roi, saisi d’indignation, jura publiquement qu’il ne lui remettrait jamais la souveraineté de ces villes, et pria son frère Charles comte de la Marche, le seigneur Charles comte de Valois, son oncle, et les autres barons alors présens, et tous ceux du sang royal, de faire le même serment ; ce à quoi ils consentirent unanimement. Le comte s’éloigna de Paris sans avoir pris congé de son hôte ; mais les fondés de pouvoir des communes, sortant de Paris, envoyèrent après lui pour lui dire : « Nous sommes sûrs que, si nous retournons vers ceux qui nous ont envoyés sans avoir conclu la paix avec le roi, il ne nous restera plus de tête à mettre sous nos capuchons ; c’est pourquoi vous pouvez être assurés que nous ne quitterons jamais la France avant que la concorde soit rétablie entre nous et