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CHRONIQUE

cause de la mort de son père en sorte que si dans le comté il avait été fait quelque règlement conforme à leurs voeux, quelque bon et juste que fût ce réglement, s’ils apprenaient que les conseils de l’abbé l’avaient fait porter, les habitans le trouvaient mauvais et injuste ; c’est pourquoi le comte fut forcé de le quitter et de s’en retourner chez lui. Dans ce même temps, il s’éleva à Bruges une dissension. Le comte ayant imposé aux villages une taille assez onéreuse, les receveurs, en la levant, exigèrent beaucoup plus qu’il n’était imposé. Les paysans et le bas peuple, violemment animés, tinrent conseil avec le moyen peuple des villages, que les maires des villages avaient de même accablé ; il fut unanimement décidé dans les villages qu’à la dixième heure ils sonneraient les cloches dans les églises, et que ce son avertirait chacun de se tenir prêt. Ainsi rassemblés tous ensemble, ils entrèrent soudainement dans la ville de Bruges, et, commandés par un homme qu’ils avaient mis à leur tête pour cette expédition, ils tuèrent plusieurs gens du comte et quelques maires.

Vers ce temps, Matthieu, vicomte de Milan, et commandant des Gibelins, étant mort, Galéas son fils lui succéda dans sa souveraineté. Le pape et le roi Robert envoyèrent contre lui une nombreuse multitude d’hommes-gardes avec le cardinal de Poggi et le seigneur Henri de Flandre, capitaine des troupes. Les Guelfes s’étant joints à eux, ils livrèrent à Galéas un terrible combat entre Milan et Plaisance. Mais le seigneur Henri de Flandre, frère du comte de Namur, ayant été tué, et le cardinal ayant pris la fuite, plus de quinze cents hommes de guerre du