Page:Cicéron - Œuvres complètes, Nisard, 1864, tome I.djvu/179

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S’il y a plusieurs questions, ou parties de question, il en résultera plusieurs points à juger, mais on les trouvera tous de la même manière. J’ai mis un soin attentif à présenter d’une façon rapide et claire les matières que j’ai traitées jusqu’ici. Maintenant que je me suis assez étendu dans ce livre, il vaut mieux exposer dans un autre ce qui me reste à dire, de peur que votre esprit ne se fatigue et s’arrête devant la longueur des développements. Mais si je remplis ma tâche trop lentement au gré de votre ardeur, vous devez l’attribuer à l’importance du sujet et à la multitude de mes occupations. Je me hâterai néanmoins, et je saurai réparer à force de zèle le temps que m’auront ôté les affaires, dans l’espoir de vous offrir, en me rendant à vos vœux, l’hommage le plus digne à la fois de votre affection et de mon dévouement.


LIVRE SECOND.

I. Dans le premier livre, Hérennius, j’ai rapidement exposé les genres de causes qui sont du domaine de l’orateur, les devoirs dont son art exige l’étude et les moyens les plus faciles pour les remplir. Mais comme il n’était pas possible d’entrer à la fois dans tous les détails, et qu’il fallait d’abord traiter des plus importants, afin de vous faciliter la connaissance des autres, j’ai jugé convenable de m’occuper de préférence des difficultés les plus grandes.

Il y a trois genres de causes, le démonstratif, le délibératif et le judiciaire. Ce dernier est de beaucoup le plus difficile ; c’est donc celui que j’expliquerai d’abord. C’est la marche que j’ai suivie dans le livre précédent, lorsque j’ai parlé des cinq devoirs de l’orateur, dont l’invention est le plus important et le plus difficile. Je vais achever à peu près dans ce livre ce qui la concerne, et n’en reporterai qu’une faible partie dans le troisième. J’ai commencé à décrire les six parties oratoires. Dans le premier livre, je vous ai parlé de l’exorde, de la narration, de la division, sans m’étendre plus qu’il n’était nécessaire et aussi clairement que vous pouviez le désirer. J’y ai joint ensuite la confirmation et la réfutation, ce qui m’a conduit à faire connaître les états de question et leurs parties ; et par conséquent à montrer comment, la cause étant posée, on peut trouver l’état de la question et ses diverses parties. Je vous ai fait voir ensuite de quelle manière il fallait chercher le point à juger, lequel, une fois établi, doit déterminer tout le système du discours. Enfin, je vous ai fait remarquer qu’il est un assez grand nombre de causes auxquelles peuvent s’adapter plusieurs états ou plusieurs parties de question.

II. Il me restait à montrer comment l’invention peut appliquer ses ressources à chaque état de question, ou à chacune de ses parties ; ensuite quels sont les arguments (ἐπιχειρήματα chez les Grecs) qu’il faut employer, ceux qu’il faut exclure, deux choses qui regardent la confirmation et la réfutation. Je ferai voir ensuite, en dernier