Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/121

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bation des juges et du peuple romain : tout le monde est persuadé qu’il n’y avait aucun autre moyen de déjouer leurs intrigues et leur effronterie. Et, en effet, quelle eut été ma sottise, si, lorsqu’on a fait marché avec lui pour le sauver, à condition qu’il ne serait jugé qu’après les kalendes de janvier(41), et si, pouvant éviter ce délai, j’eusse attendu précisément ce jour ! Mais, aujourd’hui que j’ai dessein d’exposer toute cette cause dans le plus grand détail, je dois ménager avec soin le temps qui m’est accordé pour remplir cette tache.

XII. Ainsi je ne m’arrêterai point sur la première partie de la vie de Verrès, toute de scandale et d’infamie. Il ne m’entendra lui reprocher ni les turpitudes ni les fautes de son enfance, non plus que les actions impures de sa première jeunesse ; vous vous rappelez combien elle fut honteuse ; ou bien, pour en avoir une juste idée, vous n’avez qu’à regarder celui qui se montre si digne d’être son fils(42). Je passerai sous silence tout ce que je ne pourrais raconter sans rougir ; je ne considérerai pas seulement ce qu’il mérite d’entendre, mais ce qu’il me convient de dire. Permettez, je vous en supplie, à ma pudeur, de ne point dévoiler toutes ses impudicités. Je lui fais grâce de tout le temps qui a précédé celui où il parvint aux magistratures et aux fonctions publiques. Taisons-nous sur ses orgies nocturnes ; qu’il ne soit question ni de ministres de prostitution, ni de joueurs, ni de corrupteurs de l’inexpérience(42). Que les honteuses brèches qu’il a faites à la fortune de son père, et que les outrages qu’a subis sa jeunesse soient mis en oubli. Épargnons-lui la révélation de ses premières abominations, mais qu’en récompense il souffre que le reste de sa vie me dédommage du sacrifice que je fais de tant d’inculpations.