Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nicomède(105) et du roi Sadala(106), voyage qu’il avait sollicité bien plus dans son intérêt personnel que dans celui de la république, et Lampsaque se trouva sur sa route, pour le malheur et presque pour la perte de cette ville. On le conduisit chez un nommé Janitor, qui lui donne l’hospitalité ; les gens de sa suite furent distribués chez d’autres habitants. Aussitôt, selon son usage, et d’après l’instinct libidineux qui le poussait, il chargea ses compagnons de voyage, tous gens nourris dans le crime et dans la débauche, d’aller à la découverte et de lui trouver quelque jeune fille ou femme mariée qui valût la peine de l’arrêter quelques jours à Lampsaque.

XXV. Parmi les gens de sa suite se trouvait un certain Rubrius que la nature semblait avoir formé pour servir les passions de son maître. Partout où cet homme arrivait, il déployait un talent merveilleux à découvrir des objets dignes de le satisfaire. Il vint dire à Verrès qu’il y avait à Lampsaque un nommé Philodamus, le premier de la ville, sans contredit, par sa naissance, son rang, ses richesses et sa considération personnelle ; qu’il avait une fille demeurant chez son père, parce qu’elle n’avait pas de mari ; que cette femme(107) était fort belle, et passait pour très vertueuse et très chaste. À ce récit, notre homme devint tout de feu pour un objet que non seulement il n’avait jamais vu, mais que n’avait pas vu davantage celui même qui lui en parlait. Dans son ardeur, il annonce à l’instant qu’il veut aller loger chez Philodamus. Janitor, qui ne se doute de rien, mais qui craint de lui avoir