Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/109

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la ville. Vous avez remarqué, juges, dans cette déposition, qu’Apollodore, surnommé Pyragre, l’homme le plus considéré d’Agyrone, y atteste les larmes aux yeux, et dit que jamais, depuis que le nom du peuple romain avait été prononcé et connu en Sicile, les habitans d’Agyrone n’avaient rien dit ou fait contre le citoyen romain le plus obscur ; eux qui aujourd’hui étaient forcés, par les plus criantes injustices et par le plus juste ressentiment, de porter plainte, au nom de leur ville, contre un préteur du peuple romain. Cette cité fût-elle seule à vous accuser Verrès, non, je vous le dis, vous ne pourriez vous défendre, tant est grande la confiance qu’inspire la loyauté de ses habitans, tant est juste leur ressentiment de vos injures, tant leur déposition est religieusement sincère. Mais ce n’est pas une seule ville qui élève ici sa voix ; toutes ont éprouvé de votre part les mêmes exactions : toutes demandent vengeance et par leurs députés, et par leurs propres dépositions.

XXXII. Voyons d’abord comment Herbite, ville recommandable et jusqu’alors opulente, a été dépouillée et opprimée par ce tyran. Quels en sont les habitans ? D’excellens laboureurs absolument étrangers au forum, aux tribunaux, aux débats judiciaires. C’était une raison de plus pour vous, méchant homme, de ménager, de protéger et d’encourager avec sollicitude une classe d’hommes si utiles. C’était là votre devoir. La première année, la dîme de leurs terres fut adjugée au prix de dix-huit mille médimnes de froment. Atidius, qui était aussi un des agens de Verrès pour cette partie, s’en était rendu l’adjudicataire. Il arrive à Herbite avec le titre de préfet, et suivi des esclaves de Vénus. La ville lui assigne un logement. Les habitans sont contraints de lui donner trente-