Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/143

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des habitans d’Etna ; ils ont eux-mêmes déposé dans la première action. Vous vous rappelez qu’Artémidore d’Etna, chef de la députation, vous a dit, au nom de sa ville, qu’Apronius était venu à Etna avec des esclaves de Vénus ; qu’il manda le magistrat, et lui ordonna de lui dresser une table au milieu de la place ; que chaque jour il y faisait des repas somptueux, non seulement en public, mais aux dépens du public ; que, tandis que la musique animait ses festins, et que le vin y coulait à pleins bords, les laboureurs, retenus auprès de lui, étaient, à force de mauvais traitemens et même de railleries insultantes, contraints de lui donner tout le blé qu’il voulait. Vous connaissez tous ces détails, juges : aussi je les supprime en ce moment. Je ne dis rien du faste d’Apronius, de son insolence, de la profonde corruption de son âme et de ses débauches ; je ne parlerai que des profits et des bénéfices que lui a valus un seul canton dans une seule année, afin que vous puissiez plus facilement vous faire une idée de ce qu’il a dû gagner en trois ans et dans toute la Sicile. Mais ce que j’ai à dire concernant les habitans d’Etna sera court. Ils sont venus eux-mêmes ; ils ont apporté les registres de leur ville ; eux-mêmes vous ont appris les légers profits que s’est permis de faire le bon ami du préteur, l’honnête Apronius. Écoutez, je vous prie, leur déposition ; lisez-la, greffier : Déposition des habitans d’Etna.

XLV. Que dites-vous ? Lisez, lisez plus haut, je vous prie, afin que le peuple romain apprenne comment on administre ses revenus, et comment on traite ses laboureurs, ses alliés, ses amis. Cinquante mille médimnes et cinquante mille sesterces (41). Dieux immortels ! sur un seul canton, dans une seule année, trois cent mille boisseaux