Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/185

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que la ferme de la dîme s’exploitait pour le compte du préteur, personne à qui on n’eût dit qu’Apronius le publiait partout : d’ailleurs il y avait à Syracuse un corps honorable de citoyens romains ; il s’y trouvait aussi beaucoup de chevaliers de la première distinction, parmi lesquels il fallait choisir des commissaires qui n’auraient en aucune manière pu juger autrement. Scandilius persiste à demander des commissaires. Verrès, ce magistrat intègre qui désirait dissiper et écarter de lui tout soupçon, déclare qu’il nommera des commissaires, mais choisis dans sa cohorte.

LX. J’en atteste les dieux et les hommes, quel est donc celui que j’accuse ? quelle est donc la cause pour laquelle je prétends signaler mon talent et mon zèle ? qu’est-il besoin ici de mes réflexions et de mes paroles ? qu’ai-je à représenter ? qu’ai-je à faire ? Je le tiens, je le tiens au milieu des domaines du peuple romain, au milieu des moissons de la Sicile, ce dévastateur emportant tous les blés et un argent immense ; je l’ai pris, dis-je, en flagrant délit, et il lui est impossible denier. Que pourra-t-il dire ? On a intenté contre Apronius, votre prête-nom, un procès qui compromet toute votre existence ; on l’attaque comme ayant dit partout que vous êtes son associé pour les dîmes. Tout le monde est curieux de savoir quel grand intérêt vous allez attacher à la chose, et comment vous vous y prendrez pour attester votre innocence aux yeux du public. Sera-ce encore de votre médecin, de votre aruspice, de votre huissier, que vous composerez votre commission ? Y appellerez-vous cet homme que dans votre cohorte vous conserviez comme un juge à la façon de Cassius (53), quand il s’agissait de quelque cause majeure, ce Papirius Potamon dont la sévérité rap-