Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/211

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seigne, il l’a vu ; les leçons qu’il répète à un autre sont celles que lui-même a reçues de son maître : mais il se trompe fort, quand il se flatte que les mêmes voies conduisent infailliblement à l’intimité de tous. Quoique j’aie des motifs d’en vouloir à Metellus, je n’en dirai pas moins ce qui est vrai. Apronius ne saurait séduire ce même Metellus, comme il a séduit Verrès, ni par l’or, ni par les festins, ni par des propos inconvenans et licencieux ; moyens qui, sans qu’il ait eu la peine de s’insinuer par degrés dans le cœur de Verrès, lui avaient livré en très-peu de temps et l’homme tout entier et toute sa préture. Quant à ce qu’il appelle la cohorte de Metellus, qu’était-il besoin de la corrompre, puisqu’on n’y prenait plus des commissaires dans les procès des laboureurs ? On lit encore dans la lettre que le fils de Metellus est un enfant. Ici l’espérance de Timarchide est bien mal fondée. Tous les fils de préteurs ne se laissent pas aborder aussi facilement. Timarchide, le fils de Metellus n’est point un enfant ; c’est un jeune homme sage, modeste, digne de sa naissance et du nom qu’il porte. Le vôtre, Verrès, était encore en robe prétexte. Qu’a-t-il fait dans la province ? Je ne le dirais pas, si je n’étais convaincu que les fautes de l’enfant provenaient de son père. Oui, Verrès, vous vous connaissiez sans doute ; vous saviez quelle était votre vie : pourquoi donc emmener avec vous en Sicile un fils qui portait encore la robe du premier âge ? Si la nature lui inspirait de l’éloignement pour les vices de son père, et l’empêchait de lui ressembler, vouliez-vous que la force de l’exemple et vos leçons ne lui permissent pas de dégénérer ? Quand il y aurait eu en lui les dispositions et l’heureux naturel d’un Lélius ou d’un Caton, que peut-on attendre ou faire de bon de celui qui a vécu en présence des débauches de son père, qui n’a pas