Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/221

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prendra, juges, avec quelle impudence se faisait cette usure. Lettres écrites a Carpinatius par L. Vettius, L. Servilius (62), C. Antistius, chefs de la ferme. Voyez, Verrès ; Vettius vous déclare qu’il vous surveillera, qu’il examinera de quelle manière vous rendrez vos comptes au trésor ; et, si vous ne remettez pas au peuple romain l’argent que vous aura produit cet intérêt, il vous forcera de le restituer à la compagnie. Pouvons-nous avec ce témoin ; pouvons-nous avec les lettres de deux chefs de la ferme si recommandables, si distingués ; pouvons-nous avec le témoignage de la compagnie dont nous vous produisons les lettres ; pouvons-nous, dis-je, administrer la preuve de ce que nous avançons ? Nous en faut-il chercher de plus fortes, de plus péremptoires ?

LXXII. Vettius, votre ami le plus intime ; Vettius, votre allié, dont vous avez épousé la sœur ; Vettius, frère de votre femme, frère de votre questeur, dépose contre vous du vol le plus impudent, du péculat le plus avéré. Car, enfin, de quel autre nom appeler le délit d’un préteur qui fait valoir à usure les deniers publics ? Greffier, lisez le reste de la lettre. Vous voyez, Verrès ; Vettius dit que votre secrétaire a réglé les clauses de cet agiotage, et les chefs de la ferme le menacent dans leurs lettres. Car, par malheur pour vous, deux chefs ont signé dans cette affaire avec Vettius (63). Ils vous accusent d’avoir exigé deux pour cent, et cet intérêt ne leur paraît pas tolérable ; ils ont raison. Car qui jamais a commis une telle malversation ? qui même l’a tentée ? qui même a eu la pensée qu’il fût possible de tirer de l’argent à titre d’intérêt des fermiers de nos domaines, lorsque plus d’une fois on a vu le sénat les soulager en leur abandonnant l’intérêt des fonds de l’état ? Certes il n’y aurait pour cet homme