Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/261

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et tous ses instrumens de labourage. En effet, juges, vous ne devez pas vous dire : Cet homme est riche en argent comptant ; il a des maisons de ville. Lorsqu’on impose une charge à un cultivateur, les ressources personnelles qu’il peut avoir d’ailleurs ne doivent pas être prises pour base, mais seulement le produit moyen de son exploitation, et les charges qu’elle peut et doit supporter, réaliser. Quoique les laboureurs qui sont dans ce cas aient été épuisés de toutes manières et ruinés par Verrès, c’est pour vous, juges, une raison de plus de statuer quelles charges le cultivateur doit supporter pour les terres qu’il exploite, et acquitter au trésor public. Vous leur imposez la dîme, ils s’y soumettent : une seconde dîme, ils croient devoir ce sacrifice à vos besoins : faut-il encore livrer le blé acheté ? ils le fourniront, si vous l’exigez. Combien ces charges sont onéreuses ! et quel peut être, après leur acquittement, le revenu net restant aux propriétaires ? Il vous est facile d’en juger, je crois, d’après ce que vous rapportent vos biens de campagne. Ajoutez à cela les édits de Verrès, ses règlemens, ses vexations ; ajoutez la tyrannie et les rapines d’Apronius, ainsi que des esclaves de Vénus, dans le pays sujet à la dîme. Je laisse tout cela de côté ; je ne parle que de l’approvisionnement du préteur. Votre intention est-elle que les Siciliens fournissent gratuitement à vos magistrats le blé nécessaire à leur maison ? Quoi de plus odieux, de plus inique ? Eh bien ! sachez que, sous la préture de Verrès, les agriculteurs l’auraient désiré, demandé comme une grâce.

xx LXXXVII. Sositène, de la ville d’Entelle, en est un des citoyens les plus sages et les plus nobles. Vous avez entendu sa déposition. Ses concitoyens l’avaient député