Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/351

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Ce sont eux dont il est question sur les registres de Q. Tadius (34), lorsqu’il dit avoir, par son ordre, donné tant à des peintres grecs. Comme Verrès les connaissait parfaitement, ayant mis souvent leurs talens à l'épreuve, il les emmena avec lui en Sicile ; à peine y furent-ils arrivés, bons dieux ! on les eût pris pour deux limiers (35) ; toujours ils étaient à la piste, rien ne leur échappait, rien ne pouvait les mettre en défaut : menaces, promesses, esclaves, enfans, amis, ennemis, tout leur servait de moyen, tout agent leur était bon pour arriver à quelque découverte. Un objet leur plaisait-il, il fallait s’en dessaisir ; et ceux dont Verrès demandait à voir l’argenterie ne formaient qu’un vœu, c’était que Hiéron et Tlépolème ne la trouvassent pas de leur goût.

XIV. Le fait que je vais vous citer, juges, est, j’en fais serment, de la plus exacte vérité. C’est, je m’en souviens, Pamphile de Lilybée, mon hôte et mon ami, qui me l’a raconté. Verrès lui ayant pris d’autorité une aiguière, ouvrage de Boëthus (36), d’un très-beau travail et d’un poids considérable, il était rentré chez lui fort triste et fort troublé de la perte d’un vase si précieux, qui lui venait de son père et de ses ancêtres, et dont il avait coutume de se servir aux jours de fêtes, ainsi que pour célébrer l’arrivée de ses hôtes. J’étais, dit-il, assis chez moi, et livré à mon chagrin : tout à coup entre un esclave de Vénus ; il me commande d’apporter sans délai mes vases ciselés au préteur. Je fus effrayé, j’en avais quatre ; de peur d’un plus grand mal, je les fais prendre aussitôt, et porter avec moi chez le préteur. Lorsque j’arrivai, celui-ci reposait, les deux Cybirates se promenaient. Dès qu’ils m’aperçurent : Et vos