Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/39

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mis par nos ancêtres, les conditions de notre amitié et les droits de notre alliance aient été audacieusement annulés, modifiés.

VII. Sur ce chef, d’abord je vous reproche et je vous accuse, Verrès, d’avoir innové dans une chose si ancienne et si constamment observée. Votre génie a-t-il fait quelque heureuse découverte ? Avez-vous plus d’instruction et de lumières que tant de sages et d’illustres magistrats qui ont administré avant vous la même province ? Car, enfin, c’est ici votre ouvrage, l’œuvre de votre génie et de votre sagesse. Je ne vous en dispute point l’honneur, je vous l’accorde. À Rome, je le sais, durant votre préture, votre édit transportait les successions des enfans aux étrangers, des premiers aux seconds héritiers institués. Ainsi votre caprice se substituait aux lois. Je sais que vous avez réformé les édits de tous vos prédécesseurs, adjugé des successions, non pas à ceux qui produisaient des testamens, mais aux faussaires qui en supposaient ; je sais que ces innovations, imaginées, inventées par vous, ont été pour vous d’un grand produit : vous avez même, je m’en souviens, réformé et aboli le règlement des censeurs, relatif à l’entretien des édifices publics ; vous ne vouliez pas que l’entreprise fût donnée à celui qui y avait un droit personnel, ni que les tuteurs et les parens d’un pupille veillassent à ce qu’il ne fût pas dépouillé de ses biens ; vous aviez soin de prescrire un très-petit nombre de jours pour la confection des travaux, afin d’éloigner les enchérisseurs, tandis que vous ne fixiez aucun terme au soumissionnaire de votre choix (8). Je ne suis donc point surpris que vous ayez établi une nouvelle loi pour les dîmes, vous qui vous êtes montré un homme si ha-