Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/445

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large et d’un trajet périlleux. Dans cette île est une ville du même nom, où jamais Verrès n’a mis le pied, quoique pendant trois ans il en ait fait une fabrique d’habillemens à l’usage des femmes. Non loin de la ville, sur un promontoire, s’élève un ancien temple de Junon, tellement vénéré, que, non-seulement durant les guerres puniques, alors que tant de flottes ou combattirent ou stationnèrent dans ces parages, mais même de nos jours, que ces côtes sont infestées d’une multitude de pirates, il est resté toujours inviolable et à l’abri de toute insulte. On rapporte même qu’une flotte de Masinissa ayant abordé aux environs de ce temple, l’amiral y prit des dents d’ivoire d’une grandeur prodigieuse, et, de retour en Afrique, les présenta au roi. Masinissa reçut d’abord cette offrande avec plaisir ; mais, dès qu’il sut d’où venaient ces dents, il les fit à l’instant reporter, par des hommes de confiance, sur une galère à cinq rangs de rameurs. En conséquence on y grava en caractères puniques « que le « roi Masinissa les avait d’abord acceptées, faute de con « naître leur sainte destination ; que, mieux instruit, il « s’était hâté de les remettre. » On voyait encore dans ce temple beaucoup d’ouvrages en ivoire, entre autres des Victoires dans le goût antique et d’un travail parfait. Abrégeons. Il ne fallut qu’un seul message, dont Verrès chargea des esclaves de Vénus envoyés à cet effet, pour que, d’un seul coup, tous ces objets fussent enlevés et mis en son pouvoir.

XLVII. Dieux immortels ! quel est donc l’homme que j’accuse, que je poursuis au nom des lois devant les tribunaux, et de l’existence duquel vos bulletins vont décider ? Les députés de Malte déclarent, au nom de leurs