Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/485

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faisait cette invitation. Nous hésitâmes d’abord ; mais bientôt nous jugeâmes que nous ne devions pas refuser de nous rendre à cette assemblée.

xx LXII. Nous allons donc au sénat. On se lève pour nous faire honneur (96) : sur l’invitation du magistrat nous prenons place. Diodore Timarchide prit la parole : c’était le premier de la compagnie par son âge, sa considération personnelle, et, autant que j’en ai pu juger, par son expérience. Voici à peu près la substance de son discours. Il dit que le sénat et le peuple de Syracuse étaient vivement affligés de voir que, tandis que j’avais, dans les autres villes de la Sicile, informé le sénat et le peuple de ce que je me proposais de faire pour leur avantage et pour leur sûreté ; tandis que j’avais reçu de toutes des instructions, des députés, des preuves écrites et des certificats, je n’eusse pas accordé à leur ville la même faveur. Je répondis que, lorsque les députés de toutes les villes de la Sicile étaient venus à Rome implorer mon assistance et me prier de me charger des intérêts de toute la province, je n’avais vu dans le nombre aucun député syracusain ; et que d’ailleurs, je ne m’aviserais pas de demander qu’on décrétât rien contre Verrès dans une salle où je voyais sa statue toute brillante d’or.

A peine eus-je prononcé ces mots, je m’aperçus que le souvenir et la vue de cette statue faisait gémir toute l’assemblée ; d’où je compris que, dans cette enceinte, ce monument était un tribut payé à la scélératesse, et non point un hommage de gratitude. Alors chacun se mit à me détailler à l’envi les vols dont je viens de vous entretenir. Tous me dirent que leur ville avait été pillée, leurs temples dévastés ; que, quant à la succession d’Heraclius, si Verrès l’avait ostensiblement adjugée au profit de leur gym-