Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/489

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pour ceux qui ne se retrouvaient pas, tous ont été déchargés et affranchis de toute responsabilité. » Je fis apposer sur les registres le sceau de la ville, et ne manquai pas de les emporter.

Quant au panégyrique, voici comment ils m’expliquèrent la chose. Verrès, quelque temps avant mon arrivée, leur avait écrit pour demander qu’on lui décernât cet éloge. D’abord ils ne tinrent compte de sa requête ; plus tard quelques-uns de ses amis leur ayant représenté qu’il fallait lui donner cette satisfaction, un cri général et des huées avaient fait justice de la proposition. Enfin, au moment où j’allais arriver, les Syracusains avaient reçu de celui qui administre aujourd’hui la province, l’ordre de rendre le décret demandé. Le décret fut porté, mais de manière que ce panégyrique devait plutôt tourner contre l’accusé que lui servir. C’est ce que je vais vous expliquer, juges, comme eux-mêmes l’ont fait devant moi.

xx LXIV. À Syracuse, lorsqu’une proposition est faite dans le sénat, chacun est libre de donner son avis : nul n’est invité nominativement à prendre la parole. Cependant il est d’usage que ceux qui l’emportent par l’âge ou par la dignité opinent les premiers ; les autres leur cèdent volontiers cet honneur. S’il arrive que tout le monde garde le silence, le sort détermine l’ordre de la parole. D’après l’usage, on avait donc proposé au sénat de décréter l’éloge de Verrès. Plusieurs membres, d’abord pour gagner du temps, interrompent les opinans ; ils observent que Sex. Peducéus, qui avait si bien mérité de Syracuse et de toute la province, s’étant trouvé, quelque temps auparavant, menacé d’une accusation, leur sénat avait voulu décréter son éloge pour ses nombreux et importans services ; mais que