Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/35

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nonce la culpabilité des prévenus (12) ; il paraît vouloir, avec le sang et les tortures d’un petit nombre d’individus, éteindre l’incendie qui menace. Déjà sont préparés les fouets, les feux, tous les instrumens de mort destinés à punir les condamnés et à intimider les autres, puis enfin la torture et la croix. Eh bien ! tous ces supplices ? Ils en furent délivrés ! Qui doute que les esclaves n’aient été glacés d’épouvante quand ils ont vu que le préteur pouvait se montrer assez accommodant pour que des brigands, convaincus par lui-même de conspiration, rachetassent de lui leur vie, et cela par l’entremise du bourreau ? Eh quoi ! n’est-ce pas ainsi que vous en avez agi envers Aristodame d’Apollonie et Léonte de Mégare (12*)  ?

VII. Que dis-je ? ce mouvement des esclaves, ces soupçons de guerre si soudainement conçus, ont-ils redoublé votre vigilance et vos soins pour la sûreté de votre province ; ou plutôt ne vous ont-ils pas fourni un nouveau prétexte de gains et de rapines ? Eumenidas d’Halicye, homme honorable et distingué par sa naissance, a pour régir ses domaines un fermier qui, à votre instigation, s’est vu menacé d’une accusation. Son maître ne l’a tiré d’affaire qu’en vous donnant soixante mille sesterces ; et lui-même naguère a déclaré, sur la foi du serment, comment la chose s’était passée. Vous avez pareillement extorqué cent mille sesterces à C. Matrinius, chevalier romain, tout absent qu’il était ; car il se trouvait alors à Rome. Et pourquoi ? Vous avez dit que ses pâtres et ses fermiers vous étaient devenus suspects. Le fait a été certifié par L. Flavius, qui vous a compté la somme comme intendant de C. Matrinius ; il l’a été par Matrinius lui-même ; il le sera par un témoin de