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CICÉRON.

détail où je vois entrer. C’est, dis-je, la chaleur qui maintient, qui vivifie toutes les parties de l’univers. Et premièrement, à l’égard de la terre, cela est visible. Que vous choquiez des pion-os l’une contre l’autre, il en sortira du feu. Que la terre vienne d’être creusée, elle fumera. L’eau de puits est tiède, surtout en hiver, parce qu’il y a dans le soin de la terre beaucoup de chaleur, et que la terre se condensant alors, cela resserre le feu qu’elle contient.

X. Quantité de raisons prouvent que toutes les plantes doivent à une chaleur tempérée leur production et leur accroissement L’eau même est mêlée de feu, puisque sans cela elle ne serait pas liquide et coulante. Car nous voyons que le froid, quand il domine, la durcit, et la convertît en glace, en neige, en frimas ; mais que la chaleur, au contraire, la remet dans son état naturel. Et ce qui montre que la mer renferme de la chaleur dans l’abîme de ses eaux, c’est qu’agitée par les vents, elle tiédit : car il ne faut pas s’imaginer qu’elle reçoive alors une chaleur étrangère ; mais l’agitation fait qu’elle s’échauffe, comme il nous arrive de nous échauffer nous-mêmes en faisant de l’exercice. L’air, quoique le plus froid des éléments, n’est pas sans chaleur : il en a même beaucoup. Ce sont les eaux qui le forment par leurs exhalaisons. Le mouvement de leur chaleur interne le fait remonter, comme une espèce de vapeur. On en voit dans l’eau bouillante une image bien sensible. Quant à la quatrième partie de l’univers, naturellement elle n’est que feu ; et c’est la source qui communique à tout le reste une chaleur salutaire et vitale. Tirons de la cette conséquence, que la chaleur étant ce qui maintient chaque partie de l’univers, tout l’univers subsiste aussi lui-même si constamment par la même cause : d’autant plus qu’elle se communique de telle façon à toute la nature, que la vertu générative lui appartient ; et que tous les animaux, toutes les plantes lui doivent la vie et l’accroissement

XI. Voilà donc la cause qui fait subsister tout l’univers : et j’ajoute qu’elle n’est dépourvue ni île sentiment, ni de raison. Car il faut que dans un tout composé de parties, il y en ait une qui domine. Dans l’homme, c’est l’entendement : dans les bêtes, quelque chose de semblable à l’entendement, le principe de leurs appétits : dans les arbres et autres plantes, on croit que c’est la racine. J’appelle partie supérieure, ce qu’il peut et doit y avoir de plus excellent dans le tout où elle se trouve. Celle de l’univers est donc nécessairement ce qu’il y a de meilleur, et ce qui mérite le mieux de commander à tout ce qui existe. Or il n’existe rien qui ne soit portion de l’univers : et par conséquent, puisque nous voyons de ces portions qui ont du sentiment et de la raison, il faut que la partie supérieure de l’univers ait ces mêmes qualités, et les ait éminemment. L’univers est donc animé. Celui de ses éléments qui pénètre et vivifie tout a donc la souveraine