que les Grecs ont avancé, je marque ce que j’en pense, et que je donne un autre tour, un autre ordre à ce qu’ils ont dit, pourquoi préférera-t-on ce que les Grecs ont écrit[1] à ce qui ne manquera dans notre langue ni d’éclat ni de nouveauté ?
Si l’on prétend que toutes les matières ont été épuisées par les Grecs, pourquoi donc ceux-là même qui parlent de cette sorte, lisent-ils tant de différents auteurs grecs sur une même matière ? Chrysippe[2], par exemple, n’a rien oublié de ce qui se pouvait dire en faveur des stoïciens : cependant on lit là-dessus le stoïcien Diogène[3], Antipater[4], Mnésarque[5], Panétius[6], plusieurs autres, et surtout notre ami Posidonius[7]. Quoi ! Théophraste, traitant
- ↑ Pourquoi préférera-t-on Aristote ou Platon à Cicéron ?
- ↑ Chrysippe, disciple de Cléanthe, qui était lui-même disciple et successeur de Zénon. C’est le philosophe de l’antiquité qui a le plus écrit. Cicéron a dû lui emprunter beaucoup dans le De finibus.
- ↑ Diogène le Babylonien fut disciple de Chrysippe. Du temps de la seconde guerre punique, les Athéniens l’envoyèrent à Rome avec Carnéade l’académicien et Critolaüs le péripatéticien.
- ↑ Antipater, disciple de ce Diogène, précepteur du vieux Caton, ou du moins son ami. (V. de Offic, iii.)
- ↑ Sur Mnésarque, disciple de Panétius, v. De Orat., I, xlv ; Acad., II, xcvi. On n’en sait que ce que Cicéron en a dit.
- ↑ Panétius, stoïcien, de Rhodes ; disciple d’Antipater, précepteur de Scipion. Cicéron l’admire ; il fait mieux, il le copie. Le De Officiis est une imitation du Περὶ τοῦ καθήκοντος, de Panétius.
- ↑ Posidonius d’Apamée, disciple de Panétius, ami et maître de Cicéron. On a conservé de lui un mot célèbre. V. Diogène Laërce, x, 3 : « Pompée, à son retour de Syrie, passant par Rhodes où était Posidonius, eut le dessein d’aller entendre un philosophe de cette réputation. « Etant venu à la porte de la maison, on lui défendit, contre la coutume ordinaire, de frapper : le portier, jeune homme, lui apprit que Posidonius était incommodé de la goutte ; mais cela ne put empêcher Pompée de rendre visite au philosophe. Après avoir été introduit, il lui témoigna quelle peine il ressentait de ne pouvoir l’entendra. — Vous le pouvez, reprit Posidonius ; et il ne sera pas dit qu’une douleur corporelle soit Cause qu’un aussi grand homme ait inutilement pris la peine de se rendre chez moi. Ensuite ce philosophe, dans son lit, commença à discourir avec gravité et éloquence sur ce principe : Qu’il n’y a de bon que ce qui est honnête. À diverses reprises, dans le moment où la douleur s’élançait avec plus de force : — Douleur, s’écriait-il, tu as beat faire ; quelque importune que tu sois, je n’avouerai jamais que tu sois un mal. — On
sophiques, et ses concitoyens avaient raison de le lui reprocher.