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Page:Cicéron - Des suprêmes biens et des suprêmes maux, traduction Guyau, 1875.djvu/46

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seul qui ait vu la vérité, un philosophe qui a affranchi l’esprit des hommes des plus grandes erreurs, et qui leur a donné tous les préceptes nécessaires pour vivre dans la sagesse et le bonheur. Pour moi, je m’imagine que, s’il n’est pas de votre goût, c’est qu’il a plus négligé les ornements du discours que Platon, Aristote et Théophraste ; car d’ailleurs je ne saurais me persuader que vous ne soyez pas de son sentiment. — Voyez, Torquatus, combien vous vous trompez, lui répondis-je. Le style d’Épicure ne me choque point ; il dit ce qu’il veut dire, et il le fait fort bien entendre. Je ne suis pas fâché de trouver de l’éloquence dans un philosophe ; mais ce n’est pas ce que j’y cherche. C’est uniquement sur les choses mêmes qu’Épicure ne me satisfait pas en plusieurs endroits. Cependant, autant de têtes, autant d’opinions, et je puis bien me tromper. — En quoi donc ne vous satisfait-il pas ? reprit-il. Car, pourvu que vous ayez bien compris ce qu’il dit, je ne doute point que vous ne soyez un juge très-équitable. — J’ai entendu Phèdre et Zénon, lui répondis-je, et à moins que vous ne les soupçonniez