Page:Cirbied - Grammaire de Denys de Thrace, 1830.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XVII

Lorsque les Arabes, les Perses, les Juifs et les autres peuples de l’Orient commencèrent à reprendre du goût pour les sciences, on vit paraître chez eux des traités sur l’Art de parler, de lire et d’écrire. Les plus anciennes grammaires hébraïques, aujourd’hui connues, ne remontent pas au-delà du onzième siècle : on croit cependant que le rabbin Judas Schiouc en a publié une vers le milieu du deuxième siècle de l’ère chrétienne.

La renaissance des lettres en Europe y remit en vogue la glossologie. Laurent Valla, Emmanuel Alvarez, Lancelot, Golius, Castel, Erpenius, Buxtorf, Fourmont, travaillèrent à perfectionner la science grammaticale, et facilitèrent par de nouvelles méthodes les études hétéroglossiques. L’académie della Crusca les encouragea par l’entreprise de son dictionnaire et par les soins qu’elle se donna pour épurer la langue italienne. Leibnitz, Locke, Condillac et les plus profonds penseurs de leur temps ont beaucoup raisonné sur les langues : ils y ont appliqué la métaphysique, ils ont fait voir combien les recherches sur le langage humain peuvent être utiles à la philosophie, à l’archéologie, à la logique. Spelman, Ducange, Junius, Rudbeck, Pezron, Pelloutier, Maupertuis, Charles Des Brosses, Court de Gébelin et beaucoup d’autres érudits sont allés encore plus loin que leurs devanciers : ils nous ont laissé des ouvrages importans sur l’origine des langues, sur leur transmigration, sur leur mélange parmi les différens peuples, et sur les altérations, les analogies qui en sont résultées. Ces savants ont fouillé dans les dialectes, dans les patois divers dont on se sert encore, ou