Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/104

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Nous répondîmes qu’il n’y avait pas péril en la demeure pour cette catégorie de propriétaires et qu’on aurait bien le temps, plus tard, de leur donner satisfaction s’il y avait lieu ; qu’enfin les travailleurs étaient, eux aussi, criblés d’hypothèques d’un autre genre, puisque le peu qu’ils possédaient, soit linge, vêtements, literie, outils, était engagé au Mont-de-Piété à raison de douze ou quinze pour cent d’intérêts et qu’on ne leur ferait pas grâce d’un sou, à moins que la Commune ne prît des mesures en conséquence.

Il faisait nuit, on était encore sur le chapitre des hypothèques, et la discussion s’envenimait. N’y tenant plus :

— Citoyens, m’écriai-je, je vous préviens, que si le décret sur les loyers n’est pas voté aujourd’hui et dans un sens tout-à-fait favorable aux locataires, je descends demain avec les bataillons de Montmartre !

Mes collègues n’étaient pas hommes à se laisser influencer. Mon interruption, un peu brutale peut-être, les exaspéra, mais ne les intimida pas.

— C’est ça, me répondirent-ils, voilà déjà la Révolution dans la Révolution !

— Eh bien, faites-en ici, de la révolution, ajoutai-je, et je n’aurai pas à en faire ailleurs.

Nous étions debout. Les uns m’appuyaient et les autres se montraient très irrités contre moi. Je crus, ma parole, que je venais de commettre un crime de lèse-Commune.

— La clôture ! la clôture ! criaient ceux-ci.

— Non ! la suite de la discussion à demain, demandaient ceux-là.