Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/146

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facilement que nous ne sommes pas encore à cent ans d’une séance mémorable, où les plus emparcheminés de France vinrent à l’Assemblée nationale restituer, en pleine nuit, ce qu’ils avaient volé en plein jour.

Qu’on ne l’oublie pas : Ce fut dans la fameuse nuit du 4 Août 1789. Entre une heure et deux heures du matin, des ducs et des marquis y firent les aveux les plus touchants. Un certain duc d’Aiguillon alla même jusqu’à dire : « Qu’en votant la veille des mesures de rigueur contre ceux qui attaquaient les châteaux, un scrupule lui était venu : qu’il s’était demandé si ces hommes étaient bien coupables, et que sa conscience lui avait répondu : Non ! »

Un autre, Breton endurci et fanatique jusque dans la moëlle des os, va plus loin encore dans la voie des aveux. Plus révolutionnaire que les jacobins eux-mêmes, s’adressant à l’Assemblée nationale, il lui reproche en termes violents « de n’avoir pas su prévenir l’incendie des châteaux en brisant les abus qui ravalent l’homme à la bête de somme, l’attèlent à la charrette comme l’animal, outragent la pudeur et sont une insulte à l’humanité ! » Puis il s’écrie : Soyons justes ! qu’on nous les apporte ces titres, monuments de la barbarie de nos pères. Qui de nous ne ferait un bûcher expiatoire de ces infâmes parchemins ?

Et enfin ! Et enfin ! De huit heures du soir à deux heures de matin, ce ne fut qu’un débordement de tendresse, de repentirs, de sacrifices ! Tout, tout, privilèges, titres, etc., fut déposé sur l’autel de la