Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

J’en appelle à vous, camarades, qui avez fait le coup de feu pendant la Commune avec la conviction de défendre une cause juste ; à vous autres qu’on a envoyés mourir à petit feu en Nouvelle-Calédonie ; à vous, ouvriers laborieux et honnêtes qui avez subi les tortures du bagne, du bagne que vous avez illustré ! A vous enfin, ouvriers de la plume et de l’outil, soldats de la même idée, qui avez enduré l’odieux régime des prisons, les misères de l’exil ; j’en appelle à vous, camarades !

Avez-vous oublié ?

Êtes-vous apaisés ?

L’amnistie décrétée, après un martyrologe de neuf années, a-t-elle été pour vous une révélation ?

Vous a-t-elle persuadés que vous aviez commis un crime en prenant place dans les rangs des révoltés, et que vous n’aviez brûlé de la poudre que pour vous donner la satisfaction de faire un peu de bruit dans le monde et d’empêcher de dormir les heureux ?

Vous a-t-elle démontré que vous aviez mis votre courage, votre intelligence, votre dévouement au service d’une mauvaise cause ; en un mot que vous aviez agi en enfants terribles, à qui il suffisait d’infliger une correction pour les ramener à de meilleurs sentiments ?

Non, n’est-ce pas ?

De deux choses l’une : ou nous avons été de vrais scélérats, ou nous avons été les défenseurs d’une grande cause. Dans le premier cas, on devait nous tuer tous, ou nous laisser croupir soit dans les bagnes, soit dans les prisons,