Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/95

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« La première séance de la Commune fut convoquée pour le mercredi 29 mars que les fanatiques imitateurs du Passé dataient : 8 Germinal, an 79. »

Voici les membres de la Commune traités de fanatiques imitateurs, parce qu’ils remplacent le calendrier des bondieusardises par le calendrier adopté avec enthousiasme par les bourgeois de la grande Révolution et aussi parce que, cessant de remonter à la naissance de Jésus-Christ, ils prennent pour date d’une ère nouvelle le jour de la proclamation de la première République en France.

Il me semble pourtant que le nom de Mars, le dieu de la guerre, donné à ce mois pendant lequel la nature est en plein travail d’enfantement, est un non-sens, et qu’on a été bien inspiré en le remplaçant par Germinal, un mot superbe, expressif et sonore ; tout un monde d’idées en trois syllabes, qu’on ne peut prononcer avec colère, quand même on le voudrait, et qu’on chante malgré soi.

Mars est une monstrueuse antithèse, c’est une volée de mitraille dans un champ de fleurs, c’est le blé en herbe mutilé sous les roues des canons : c’est la guerre, la famine, la désolation.

Germinal, c’est l’espoir, c’est le triomphe du travail et de l’idée ; c’est la Sociale qui sort de terre avec sa solution humaine.

Mais, bah ! ces gens-là sont des anachronismes, pis que cela, car il serait impossible d’assigner l’époque à laquelle ils auraient pu appartenir. Eussent-ils vécu en l’an 2,000 avant notre ère, qu’ils auraient encore été en retard de 2,000 ans.

« Le lendemain, continue le rapporteur, le jour-