Page:Clapin - Sensations de Nouvelle-France, 1895.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
Sensations de Nouvelle-France

malgré l’inertie et l’apathie apparentes, de tout le feu d’autrefois, de toute cette belle flamme qui jadis soulevait les conquistadores, les découvreurs, les aventuriers des bois et des lacs ! Oh ! l’homme, l’homme qui sortira cette France américaine de la politicaillerie chicanière et idiote ; qui surtout la relèvera de sa résignation dégradante pour la camper sur pied dans une attitude fière et sans reproches ! Oh ! l’homme, enfin — de préférence l’homme d’épée — qui, cessant de se complaire dans un vain rêve utopique de fusionnement de races, fera des Canadiens-Français un peuple prêt et disposé, le cas échéant, à payer de sa chair et de son sang la rançon de sa liberté ! Où le Bernadotte ? où le Bolivar ! où le Charette ? où le Mello ? qui, ébranlant toutes ces forces dormantes, décrochera de la citadelle de Québec le drapeau britannique, monté là-haut par ruse, par trahison, pour déployer aux brises du St Laurent l’étendard flambant neuf de la véritable Nouvelle-France !

En attendant, garde, ma France d’Europe, oui garde fidèlement tes deux îlots de St Pierre et Miquelon ; garde-les toujours comme deux yeux ouverts et vigilants, à l’entrée de ce qui sera peut-être de nouveau, un jour, le prolongement de ta puissance en ce coin d’Amérique.