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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/107

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LES JACQUES

Laon fut bâtie sur une colline escarpée et isolée qu’enlace une route sinueuse dominant l’Ardon. Au sommet, le vaste entonnoir cultivé de la Cuve de Saint Vincent. La cathédrale, bâtie sur l’emplacement d’une modeste église dévorée par le feu en l’an 1111, avec le cloître accoté à son flanc, dressait au-dessus de la ville ses sept tours. dont il reste seulement deux aujourd’hui. À l’est, la citadelle, non loin le palais épiscopal et la chapelle particulière de l’évêque. Se serrant l’une contre l’autre, les maisons de la ville basse, avec au sud le quartier des Creuttes, habitations souterraines qui servirent plus d’une fois de refuges. Puis la ville haute vivant à l’ombre de la cathédrale et des logis princiers des hauts dignitaires ecclésiastiques. Nombre de maisons citadines qu’habitaient professeurs, magistrats, échevins. Dans les rues tortueuses et sombres, aux toits surplombant le pavé, les artisans et marchands.

Quand frère Loys fut arrivé devant l’abbaye Saint-Martin, il aperçut une forme noire qui, tête basse, venait vers lui et filait le long de la muraille. Il eut un sursaut en croyant la reconnaître. Comme elle le croisait, il fit faire volte-face à Douce au Pas et suivit la forme noire, mais celle-ci, pressant sa marche, ne se laissa point distancer. Parvenue à certaine porte basse que cachait à demi une retombée de lierre, elle disparut prestement.

— Je suis bien sûr de ne m’être pas trompé, pensa frère Loys. Ce cher abbé se soucierait-il de

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