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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/123

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LES JACQUES

— Je n’en suis guère surpris. Serait-il malséant de s’inquiéter si vous avez fait des rencontres en cheminant ?

— Non point. J’eus l’occasion d’entretenir Jean Hullot d’Estaneguy, homme de grande bravoure et bonne compagnie ; le capitaine de Fremoy ; Jean Néringot, curé de Gélincourt. J’ai rencontré la noble dame de Béthencourt, fille charitable du seigneur de Saint-Martin de Guillart.

— N’auriez-vous fréquenté que nobles dames et prélats ?

— Nenni. J’ai visité d’humbles laboureurs.

— Voici qui me plaît mieux encore. Accordent-ils au moins obéissance à la loi du seigneur, même si le poing du maître s’abat rudement sur le vassal, même si la protection du cher sire est un fardeau qui leur fait plier l’échine ?

D’un ton semblable d’ironie, Conrad répondit :

— Certes, ils ne sont qu’amour et contrition. Certains pourtant se montrent ingrats, écoutent chanter l’alouette.

— C’est beaucoup d’étourderie de leur part.

— Ils ont audace grande, envoyant message à ceux d’ici pour connaître s’ils prêtent attention, comme eux, au chant de l’oiseau matinal.

— En quel mois ce chant s’élève-t-il le plus haut ?

— Quand la saison en est propice. Il se pourrait que mai ne s’écoulât pas sans qu’on l’entendît de partout.

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